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L'efficacité de la prière

L'efficacité de la prière

L'efficacité de la prière

 

In revue des jeunes, 10 Juillet 1923

Par le P. GARRIGOU-LAGRANGE. O.P.

 

" Demander et vous recevrer " a dit notre Seigneur. " Il faut prier " ajoutait-il.

Il importe donc de se faire une juste idée de l'efficacité de la prière, de la source

même de cette efficacité et du but auquel toute vraie prière doit être ordonnée.

Voyons ce que Saint Thomas à la suite de Saint Augustin nous enseigne

sur ce grand sujet (1).

 

Nous avons l'air de croire parfois que la prière est une force qui aurait son premier

principe en nous, et par laquelle nous essayerions d'incliner la volonté de Dieu,

par la manière de persuasion. Et aussitôt notre pensée se heurte à cette

diffculté, souvent formulée par les incrédules, en particulier par les Déistes :

la volonté de Dieu personne ne peut la mouvoir, per-sonne ne peut

l'incliner. Dieu sans doute est la bonté qui ne demande, qu'a se donner,

Dieu est miséri-corde toujours prête à venir au secours de celui qui souffre et qui

implore, mais il est aussi l'Etre parfai-tement immuable. La volonté de Dieu de

toute éter-nité est aussi inflexible qu'elle est miséricordieuse. Personne ne peut se

vanger d'avoir éclairé Dieu, de lui  avoir fait changer de volonté.

" Ego sum Domi-nus, et non mutor " . Par son secret providentiel, fortement et

suavement, l'ordre du monde, la suite des événements, sont irrévocablement

fixés d'avance.

 

Faut-il conclure que notre prière ne peut rien, qu'elle vient trop tard, que

si nous prions, aussi bien que si nous ne prions pas, ce qui doit arriver

arrivera?

 

La parole de l'Evangile demeure : " Demandez et vous recevrez, cherchez et vous

trouverez, frappez et l'on ouvrira". _ La prière, en effet, n'est pas une force qui

aurait son premier principe en nous, ce n'est pas un effort de l'âme humaine,

qui essaierait de faire violence à Dieu, pour lui faire changer ses disposi-

tions providentielles. Si l'on parle ainsi quelquefois, c'est une manière humaine de

s'exprimer. En réalité la volonté de dieu est abso-lument immuable, mais

c'est précisement dans cette immutabilité qu'est la source de l'infaillible

efficacité de la prière.

 

C'est au fond très simple : la vraie prière par laquelle nous demandons pour nous,

avec humilité, confance et persévérance, les biens nécessaires à notre

sanctification, est infailliblement efficace, parce que Dieu, qui ne peut se dédire,

a décrété qu'elle le serait, et parce que Notre Seigneur nous l'a promis

(lla llae 83,15).

 

Un Dieu qui n'aurait pas prévu et voulu de toute éternité les prières que nous

lui adressons, c'est là une conception aussi puérile que celle d'un Dieu qui

s'inclinerait devant nos volontés et changerait ses desseins. Non

seulement, tout ce qui arrive a été prévu et voulu ou tout au moins permis

d'avance par un décret providentiel, mais la manière dont les choses arrivent,

les causes qui  produisent  les événements, tout cela est fixé de toute éternité

par la Providence. Dans tous les ordres, physique, intellectuel et moral, en vue de

cer-tains effets, Dieu a préparer les causes qui les doivent produire. Pour donner

au monde victoire qui sera le salut d'un peuple, il suscite un grand chef d'armée ;

pour donner au monde un homme de génie, il a pré-paré une

intelligence supèrieure, servie par un cerveau mieux fait, par une héridité spéciale,

par un milieu intellectuel privilégié. Pour régénérer le monde aux périodes les

plus troublées, il a décidé qu'il y aurait des saints. Et pour sauver l'humanité, dès

toujours la divine Providence avait préparé la venue du Christ Jésus. Dans tous les

ordres, du plus infime au plus élevé, en vue de certains effets, Dieu dispose les

cau-ses qui les doivent produire. Pour les moissons spi-rituelles comme pour

les matérielles, il a préparé la semence, et la moisson ne s'obtiendra pas sans

elle.

 

Or, la prière est précisement une cause ordon-née à produire cet effet, qui est

l'obtention des Dons de Dieu, nécessaire ou utiles au salut. Toutes les créatures

ne vivent que des dons de Dieu, mais la créature intel-lectuelle est seule

à s'en rendre compte. Les pierres, les plantes, les animaux reçoivent sans savoir

qu'ils reçoivent. L'homme, lui, vit des dons de Dieu, et il le sait; si le

charnel l'oublie, c'est qu'il ne vit pas en homme; si l'orgueilleux ne veut

pas en convenir, c'est qu'il n'y a pas de pire sottise que l'orgueil. L'exis-tence,

la santé, la force, la lumière de l'intelligence, l'énergie morale, la réussite de nos

entreprises, tout cela est le don de Dieu, mais par-dessus tout la grâce,

qui nous porte au bien salutaire, nous le fait accom-plir, et nous y fait persévérer.

 

Faut-il s'étonner que la divine Providence ait voulu que l'homme, puisqu'il peut

comprendre qu'il ne vit que d'aumônes, demandat l'aumone? Ici comme partout

Dieu veut d'abord l'effet final, puis il ordonne les moyens et les causes qui le

doivent produire. Après avoir décidé de donner, il décide que nous prierons pour

recevoir, comme un père, résolu d'avance d'ac-corder un plaisir à ses enfants, se

promet de le leur faire demander. Le don de Dieu voilà le résultat, la prière

voilà la cause ordonnée à l'obtenir; elle a sa place dans la vie des âmes

pour qu'elles reçoivent les biens nécessaires ou utiles au salut, comme la chaleur

et l'électricité ont leur place dans l'ordre physique.

 

Jésus, qui veut convertir la Samaritaine, lui dit , pour la porter à prier : "si tu

savais le don de Dieu, c'est toi qui m'aurais demandé de boire, et je t'aurais

donné de l'eau vive... jaillissant en vie éternelle ".

 

De toute l'éternité, Dieu a prévu et permis les chutes de Marie-Madelaine, mais

il a ses desseins sur elle, il veut rendre la vie à cette âme morte; seulement

il décide aussi que cette vie ne lui sera rendue que si elle le désire, que l'air

respirable ne sera rendu à cette poitrine, que si cette poitrine veut s'ouvrir, que

si Made-laine veut prier, et il décide aussi de lui donner une grâce actuelle

très forte et très douce qui la fera prier. Voilà la source de l'efficacité de la prière.

Soyez sûrs que lorsque Madelaine aura prié, la grâce sanctifiante lui sera donnée,

mais soyons surs aussi que sans cette prière elle restait dans son péché.

 

il est donc aussi nécessaire de prier pour obtenir les secours de Dieu dont nous

avons besoin pour, observer la loi divine et y persévérer, qu'il est nécessaire de

semer pour avoir du blé.

 

Ne disons donc pas : " Que nous ayons prié ou non, ce qui devait arriver arrivera" :

ce serait aussi absurde que de dire : "Que nous ayons semé ou non, l'été venu, si

nous devons avoir du blé, nous en aurons ". La Pro-vidence porte non seulement

sur les résultats, sur les fins, mais aussi sur les moyens à employer, et elle sau-

garde la liberté humaine par une grâce aussi douce qu'elle est forte, " fortifier et

suaviter ". " En vérité , en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez à mon

Père en mon nom, Il vous le donnera".

 

La prière n'est donc pas une force débile qui aurai son premier principe en nous.

La source de son effica-cité est en dieu et dans les mérites infinis de Jésus-Christ.

C'est d'un décret éternl de Dieu qu'elle des-cend, c'est de l'amour rédempteur

qu'elle provient, c'est à la miséricorde divine qu'elle remonte. Un jet d'eau ne peut

s'élever que si l'eau decsend d'une même hauteur. De même quand nous prions,

il ne s'agit pas de per-suader Dieu, de l'incliner, de changer ses dispositions

providentielles; il s'agit seulement d'élever notre volonté à la hauteur de la

sienne, pour vouloir avec Lui ce qu'il a décidé de nous donner : les biens utlles à

notre sanc-tification et et à notre salut. La prière, loin de tendre à abaisser le

Très-Haut vers nous, est donc une élévation de notre âme vers Dieu. Denys

compare l'homme qui prie au marin qui, pour aborder, tire sur cable fixer au rocher

du rivage. Ce rocher, qui domine les eaux, est parfaitement immobile; pourtant,

pour celui qui est dans la barque, il semble que ce soit le rocher qui avance :

en réalité c'est la barque seule qui bouge. De même il nous semble que ce soit la

volonté de Dieu qui s'incline en nous exauçant, c'est la nôtre seule qui monte;

nous nous mettons à vouloir, dans le temps, ce que Dieu voulait pour nous

de toute éternité.

 

Bien loin de s'opposer au gouvernement divin, la prière coopère ainsi à ce

gouvernement. Nous sommes deux à vouloir, au lieu d'un : cette âme pécheresse

pour laquelle nous avons lontemps prié, c'est Dieu qui l'a convertie, mais nous

étions l'associé de Dieu, et de toute éternité il avait décidé de ne produire en elle

cet effet salutaire qu'avec notre concours.

 

 

Mais, cela va sans dire, et c'est un point de doctrine défini par l'Eglise contre les

pélagiens et semi pélagiens, nous ne pouvons pas faire une vraie prière sans une

grâce actuelle. On ne demande en effet que ce que l'on désire, et il s'agit ici

de désirer ce que Dieu veut pour nous et comme il le veut, il s'agit de mettre notre

volonté à l'unisson de la sienne. Pour cela il faut qu'il nous attire et que nous

nous laissions attirer par Lui. " Per-sonne, dit Notre Seigneur, ne vient à moi, si

mon Père ne l'attire." Et Saint Paul ajoute : Nous ne sommes pas capables de

former par nous-mêmes, comme venant de nous-mêmes, la moindre pensée

profitable pour le salut ", à plus forte raison le moindre désir.

 

Cepandant le pécheur, privé de la grâce sanctifiante, et incapable en cet état

de mériter, peut prier. Il suffit d'une grâce actuelle, elle est offerte à tous, et

ceux -là seuls en sont privés qui la refusent (2). Au moment où elle lui est

accordée, que le pécheur tombe à genoux; s'il ne résiste pas, il sera conduit de

grâce en grâce jus-qu'à la conversion et au salut. Avec humilité, confiance et

persévérance, le chrétien toute sa vie doit ainsi deman-der à Dieu les énergies

surnaturelles qu'il lui faut pour atteindre le ciel.

 

On voit par la suite ce que la prière peut nous obtenir. La fin de la vie des âmes

c'est le ciel; à cette fin suprème Dieu subordonne tous les biens qu'il lui plait de

nous départir, car il ne nous les donne, ceux du corps et ceux de l'âme, que

pour la conquête de l'éternité bienheureuse.

 

La prière ne peut donc nous obtenir que les biens qui sont dans la ligne de notre

fin dernière, dans la ligne de vie éternelle. En dehors de là elle ne peut rien, elle

est trop haute pour nous obtenir tel succès tem-porel sans apport  avec notre

salut. Il ne faut pas attendre d'elle ce résultat, pas plus qu'on ne demande à un

ingénieur l'office d'un manoeuvre (3).

 

Les biens qui nous acheminent vers le ciel sont de deux sortes : les spirituels,

qui nous y conduisent direc-tement, et les temporels, qui peuvent être

indirectement utiles au salut, dans la mesure où ils se subordonnent aux

premiers.

 

Les biens spirituels, ce sont la grâce, les vertus, les mérites. La prière pour

obtenir au pécheur la grâce de la conversion, et au juste la grâce actuelle

nécessaire à l'accomplissement des devoirs du chrétien. La prière est

souverainement efficace pour nous obtenir une foi plus vive, une espérance plus

con-fiante, une charité plus ardente, une plus grande fidé-lité à notre vocation. La

première des choses que nous devons demander selon le Pater, s'est que le nom

de Dieu soit sanctifié, glorifié par une foi rayonnante, que son règne arrive

( c'est l'objet de notre espérance ), que sa volonté soit faite, accomplie

avec amour, avec une charité plus fervente. La prière est toute-puissante pour

nous obtenir le pain de chaque jour, non seulement celui du corps, mais celui de

l'âme, le pain super substantiel de l'Eucharistie, et les dispositions nécessaires

pour une bonne communion. Elle est efficace pour nous obtenir le pardon de nos

fautes avec la disposition intèrieure de pardonner au prochain, pour nous faire

triompher de la tentation" Veiller et priez, de peur que vous ne tombiez dans

la tentation", disait Notre Seigneur; pour nous délivrer du mal et de l'esprit du mal,

"cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et par le jeûne ".

( Matth, XVII, 20 .)

 


Seulement, cela va sans dire, la prière doit être sin-cère : demander de vaincre

une passion sans éviter les occasions, demander la grâce d'une bonne mort sans

s'efforcer d'avoir une vie meilleure, ce n'est pas une vraie prière, un vrai désir,

c'est à peine une velléité. La prière doit aussi être humble, c'est un pauvre qui

de-mande. Elle doit être confiante en la miséricorde de Dieu, elle ne dois pas

douter de son infinie bonté. Elle doit être persévérante pour montrer qu'elle vient

d'un désir profond du coeur ( 4 ). Parfois le Seigneur ne semble pas nous exaucer

tout de suite, pour éprouver notre confiance et la force de nos bons désirs, comme

Jésus éprouva la confiance de la Chananéenne par une parole sévère qui semblait

un refus : " C'est aux bre-bis perdues d'Israël que je suis envoyé..., il ne convient

pas de donner aux chiens le pain des enfants. "  Sous l'inspiration divine , la

Chananéenne répondit : " Pour-tant, Seigneur, les petits chiens mangent les

miettes qui tombent des la table de leur maître"._ " O femme, dit Jésus, ta foi

est grande, qu'il te soit fait selon ce que tu demande "; et sa fille, qui était

tourmentée par le démon, fut désormais délivrée ( Matth., XV, 22 ).

 

Mais si vraiment nous avons prié avec perséverance et si, malgré nos

supplications, Dieu nous laisse aux prises avec la tentation, rappelons-nous

l'Apôtre Saint Paul, qui lui aussi supplia à plusieurs reprises pour être délivré de

l'aiguillon qui le tourmentait dans sa chair et qui reçut cette réponse " Ma grâce te

suffit pour vaincre ", sufficit tibi gratia mea. Croyons avec l'Apôtre que cette lutte

nous est profitable, et ne ces-sons pas demander la grâce, qui seule peut nous

empécher de faiblir. Apprenons par là notre indigence, apprenons que nous

sommes des pauvres, et que l'acte du pauvre consiste à demander. Le chrétien

toute sa vie doit mendier les énergies surnaturelles qu'il lui faut pour faire son

salut. L'âme humaine ne peut atteindre le ciel qui si elle est lancée par Dieu ( 5 );

mais une fois lancée, il faut qu'elle vole; la prière est comme le coup d'aile du

petit oiseau lancé hors du nid et qui réclame un nouveau secours.

 

Quant aux biens temporels, la prière peut nous obte-nir tous ceux qui doivent,

d'une façon ou d'une autre, nous aider dans notre voyage vers l'éternité : le pain

du corps, la santé, la force, la prospérité de nos affaires, la prière peut tout

obtenir, à condition que nous deman-dions avant tout et par-dessus tout à Dieu

de l'aimer davantage : " Cherchez le royaume des cieux, et tout le reste vous sera

donné par surcroît ( 6 ) ". Faut-il dire que la prière est inefficace parce que nous

n'avons pas obtenu le succès d'une entreprise? Mais si vraiment nous avons prié,

nous n'avons pas demandé ce bien temporel pour lui-même, mais seulement

dans la mesure où il était utile à notre salut. Si nous ne l'avons pas obtenu ce

bien temporel qui nous était inutile, mais nous avons obtenu ou nous obtiendrons

une autre grâce plus pré-cieuse.

 

La prière humble, confiante, persévérante, par laquelle nous demandons pour

nous les biens néces-saires au salut est infailliblement efficace, en vertu de la

promesse du Seigneur (7). Dieu , en effet, nous com-mande de travailler à notre

salut. Il ajoute " Sans moi ( sans ma grâce ) vous ne pouvez rien faire ",

" de-mandez, et vous recevrez"; demandez-la-moi cette grâce, je vous la

donnerai, je vous le promets. Bien plus, c'est Lui qui fait jaillir la prière de nos

coeurs, qui nous porte à demander ce que de toute éternité il veut nous accorder.

Si une telle prière n'était pas infailliblement efficace, le salut serait impossible.

Dieu nous commanderait l'irréalisable; la contradiction serait en Lui, suprême

Vérité et suprême Bonté. Les simples comprennent tout de suite la parole de

Jésus : " Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trou-verez, frapper et l'on

ouvrira; qui de vous don-nera une pierre à son enfant, si celui-ci lui demande du

pain, et s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc,

méchants comme vous êtes, vous donnez de bonnes choses à vos enfants, à

combien plus forte raison votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes

choses à ceux qui les lui demandent! " ( 8 ). Telle la prière simple est profonde du

paysan rentrant du travail, posant sa bêche devant la porte de l'Eglise et entrant

pour dire Notre Père. Quel crime celui qui consiste à arracher cette foi sublime au

pauvre, qui par elle se rattache à l'Eternité! Savoir prier, pour l'âme, c'est savoir

respirer.

 

La prière est donc une force plus puissante que toutes les forces physiques prises

ensemble, plus puis-sante que l'argent, plus puissante que la science. Ce que

tous les corps et tous les esprits crées par leur propres forces naturelles ne

peuvent pas, la prière le peut. " Tous les corps, dit Pascal, le firmament et ses

étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits...De tous

les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une petite pensée, cela est

impssible et d'un autre ordre... Tous les corps ensemble et tous les

esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre

mouvement de charité, cela est d'un ordre plus élevé... " ( 9 ). La prière,

elle, peut obtenir la grâce, qui nous fera produire cet acte de charité.

 

La vraie prière joue ainsi dans le monde un rôle infiniment plus grand que

la plus étonnante des décou-vertes. Qui oserait comparer l'influence exercée par

un savant incontesté comme Pasteur, à celle qu'exerça par sa prière un saint Paul,

un saint Jean, un saint Benoit, un Saint Dominique ou un saint François?

 

Chaque âme immortelle vaut plus que tout le monde physique, elle est comme un

univers, unum versus alia, puisque par ses deux facultés supérieures, intelligence

et volonté, elle s'ouvre sur toutes choses et sur l'infini. A ces univers en marche

vers Dieu, qui sont les âmes, la prière assure deux choses : la lumière

surnaturelle qui les dirige, et l'énergie divine qui les pousse. Sans la prière,

l'obscurité se fait dans les âmes, qui se refroi-dissent et meurent, comme des

astres éteints. Ayons confiance en cette force d'origine divine; rappelons-nous

d'où elle vient, rappelons-nous où elle va; c'est l'Eternité qu'elle descend, d'un

decret de l'infinie bonté, c'est à l'Eternité qu'elle remonte.


Rome, Angelico.

Fr.Reg.Garrigou-Lagrange, O.P.

 

(1) Cf. lla llae, q.83, a.2.

(2) Et comme nous l'avons dit plusieur fois, l'homme, s'il ne se suffit pas à

lui-même pour désirer et vouloir le bien salutaire, se suffit pour défaillir, et pour

défaillir librement. Dieu relève souvent, pas toujours, c'est là le mystère.

(3) lla llae , q. 83, a . 5, 6.

(4) lla llae, q 83, a. 15, ad 2m.

(5) la, q, 23, a. 1.

(6) lla llae, q. 83, a. 6.

(7) lla llae, q. 83,a. 15, ad 2m.

(8)Matth., VII, 17; luc, XI,9.

(9) Pensées, éd. Havet, art. XVII, 1.